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Biographie

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"La vie est d'une infinie richesse dépassant les apparences.  Il y a des formes, des sons, des couleurs, des mots dont la signification au dessus de nous, est tellement puissante, que si nous nous ouvrons à ceux-ci, ils deviennent un lien entre nous et l'au-delà, entre nous et un mouvement de notre âme". Jordi Bonet

 

BIOGRAPHIE

Jordi Bonet, peintre, créateur de murales et sculpteur
(Barcelone, Espagne, 7 mai 1932 -- Montréal, Qc, 25 décembre 1979)

Jordi Bonet est né à Barcelone le 7 mai 1932 au sein d'une famille catalane de tradition culturelle notable.
Son père, Pedro Bonet, était médecin. C’était un homme cultivé et connaisseur de l’art. C'est lui qui a initié Jordi à l’art grâce entre autres aux multiples promenades qu’il faisait avec lui à la recherche de vestiges romains. Il lui a fait admirer les églises et les monastères de l’art roman catalan, les cathédrales gothiques ainsi que  l’architecture audacieuse d’Antonio Gaudi.
 
À l’âge de sept ans, un terrible accident le prive de son bras droit. La perte de son bras rend son éducation très ardue. Heureusement, sa famille vit une situation économique enviable. Grâce à sa grande volonté, Jordi arrive à éduquer son bras gauche. 


Mon père qui ne voulait surtout pas faire de moi un artiste, eut l'aimable manie depuis toujours, de m'emmener avec lui à Barcelone et ses alentours afin de voir et toucher tout ce qu'il y avait de beau.


Quittant pour toujours les études à l'âge de17 ans, où je n'obtins d'ailleurs aucun succès, je me trouvai à mon insu, enrichi de l'une des choses qui allait le plus m'intéresser: mille images inoubliables composées de formes, de murs, d’ espaces.


Bonet découvre très tôt la violence, sa ville natale ayant été sévèrement touchée durant la guerre civile d'Espagne (1936-1939).

 

De ce pays doux et austère, la Catalogne, où le Moyen-âge est présent partout, je devais garder aussi mon plus vieux et irrationnel souvenir: quelques 20 cadavres de sœurs, déterrées, debout dans leur sarcophages ouverts et appuyés le long de la rue où j'étais né 4 ans auparavant. 1936 ce fut cela pour moi.


Les croix gammées dessinées sur nos corps d'enfants, sur nos cahiers d'étude, dans les rues qui fêtaient inlassablement la Victoire "du Generalisimo Franco Candillo de Spana por la Gracia de Dios ".


L’année 1939 a été  le prélude d'une enfance étouffée dans l'angoisse, noyée plus tard dans les Saintes Vierges, les curés, l'enfer, les Jésuites et une police omniprésente.


Les randonnées que je faisais avec mon père, à la recherche d'un bout de céramique romaine avaient alors pour moi un goût de lumière.


Mes premiers tableaux  vers 1949 rêvaient d'être des fresques romanes.  Ces années d’apprentissage devaient me rapprocher successivement de Velasques, Goya, Picasso. À 19 ans, je voulais faire des céramiques et des murales.​

L'art devient son refuge quand son père le présente à Goya, Gaudi, Picasso et Dali.
C’est à l’âge de neuf ans qu’il expose pour la première fois ses dessins dans la maison paternelle de la Rambla de Catalunya. 
  

En 1949, il approfondit sa connaissance de la culture catalane grâce à un maître indiscutable, son oncle l'architecte Luis Bonet Gari qui l'accueille dans sa maison de Majorque. Son oncle a travaillé avec Gaudi à la Sagrada Familia.
En 1950, il entre à l’École des beaux-arts de Barcelone. Le maître Antoni Prats s’enthousiasme en voyant ses ébauches et l’accepte dans son studio.
Impressionné par ses enseignements, Jordi étudie l'œuvre de Gaudi et les monuments romans et gothiques.


Au cours des cinq années suivantes, il plonge dans un univers de haut niveau culturel en approfondissant les œuvres de maître comme Antonio Prats, Antonio Vila Arufat et Josep Gudiol.


En 1952, Jordi s’installe dans un premier atelier, un grenier que lui prête Gudiol i Ricart. Un an plus tard, il installe son propre atelier sur la rue Calvet de Barcelone. Il est accepté comme membre du Cercle Maillol et participe à une exposition avec Juan-José Tharrats, Antoni Tapiès et Modesto Cuixart.
 

Il arrête alors ses études et cherche à perfectionner sa technique et son style pictural.


Dès l'âge de vingt ans, il possède son propre atelier et expose avec des peintres catalans plus âgés que lui.
 
À vingt-deux ans, il décide de voyager. Il va en France puis au Canada.
En 1954, invité par G. Lamer, un ami québécois, Jordi Bonet décide d’aller au Canada.  À l’âge de vingt-deux ans, il est accueilli à Trois-Rivières et se lie très vite avec des personnalités comme Marcel Couture et Clément Marchand. Mgr Albert-Tessier lui confiera la réalisation du chemin de croix et des peintures ornant le choeur de la chapelle pour Tavibois où Jordi résidera pour un court laps de temps.


Un an plus tard, en 1955, il présente sa première exposition individuelle. Cette exposition à l’Hôtel de ville de Trois-Rivières fut organisée et financée par son ami Marcel Couture. Le Premier ministre du Québec, Maurice Duplessis était le président d’honneur.


Au milieu de l'Art Gothique à Barcelone, j'avais un itinéraire dans lequel je tournais en rond sans cesse jusqu'à la saturation survenue en 1954. J'ai alors décidé de tout donner pour échapper, pour fuir, pour explorer.


Je suis arrivé ici au Québec cette année-là parce qu'il le fallait.  Si je suis encore ici, c'est parce qu'il me le faut.  Ce pays est pour moi mon devenir.
Je suis arrivé avec une quinzaine de tableaux dont le plus gros que je fus capable de faire mesurait 18" x 20". Dans ces débuts, Trois-Rivières au Québec fut mon premier port.


En décembre de la même année, il décide d’aller tenter sa chance à Montréal. Il est reçu par son compatriote, le peintre catalan Jesus Carlos Vilallonga.
Un peu plus tard, c’est le collectionneur Albert Jutras, médecin comme son père, qui le reçoit chez lui et lui prête le sous-sol de sa maison pour qu'il y installe son premier atelier. Il commence immédiatement une production d’huiles sur papier et ses premières études en vue de réaliser des murales.
En 1956, il s’initie à la céramique dans l’atelier de  Jean Cartier et découvre la magie du four. À l’été de cette même année, il travaille dans l’atelier de Claude Vermette. Jordi explore de nouvelles techniques en accord avec ses nouveaux projets. En septembre de cette même année, il participe à une exposition collective avec Jean Cartier et Jean-Paul Riopelle au Musée des beaux-arts de Montréal.​


Montréal, en 1956, la famille Jutras me prêta une partie de leur sous-sol rue Sainte-Famille, pour faire mon premier atelier. Quelques maisons plus bas, Jean Cartier opérait un merveilleux petit atelier où je fis mes premiers décors sur poterie.  Ces premières cuissons réalisèrent en moi le miracle de l'oubli. Un passé dont je ne voulais plus s'éclipsait.  J'étais en train de naître.


L'été de cette même année, Claude Vermette m'engagea à son atelier de Saint-Adèle où je vécus intensément une grande partie des problèmes qui allaient devenir les miens.
 

Il rencontre  Huguette Bouchard, étudiante comme lui à l’École des beaux-arts de Montréal. Ils se marient en novembre 1956. De leur union, naîtront trois enfants : Laurent, Stéphane et Sonia.


Il voyage à nouveau en France et en Catalogne avec sa femme, où il rencontre Salvador Dali. À la suite de son voyage, il décide de mettre un terme à son étape de la peinture à l'huile, et, pour conclure cette étape il fait une exposition au Musée des beaux-arts de Montréal en mars 1959.

 

Dans la petite cuisine de mon appartement de la rue Prieur dans le nord de Montréal, je fis mon premier atelier au début de 1957.  Je devais exécuter là mes premiers travaux dans un four d'un pied cube: des dessins sur tuiles de quelques pouces carrés.  Celles-ci devaient servir plus tard à faire des murs de recouvrement, des comptoirs de cuisines, des tables, des planches à fromage. 

 

C'était parti, le reste devait arriver tout seul, d'une commande à l'autre, chacune avec son problème différent.  Le quotidien devait m'enseigner ce qu'aucune école n'enseignait alors.  Tout ce que mes confrères artistes, peintres et sculpteurs, dédaignaient faire, convaincus de leur intégrité, j'allais le faire: des chemins de croix, des crucifix pour les églises, des assemblages de carreaux de couleurs pour les écoles, des murales avec des thèmes imposés, ou d'après des cartons préparés par d'autres, des portraits, des planches en céramique, des bases de lampes, tout.  Pour apprendre et pour gagner ma vie.

 

Imaginer n'était pas tout.  Il faillait savoir montrer, intéresser, vendre, réinventer, découvrir des moyens techniques appropriés à des nouveaux besoins, pouvoir les mettre à exécution, concurrencer l'industrie qui fabrique massivement, bon marché, sans créer de troubles de durée, de transport, d'installation.
    
Déjà un virtuose de la peinture et du dessin, il commence à faire de la céramique et rêve de faire des murales. Il en réalise une centaine au cours des années 60, certaines en céramique, d'autres en ciment, en aluminium ou en vitrail, de Halifax à Vancouver, et surtout aux États-Unis, de New York à San Francisco et de Chicago à Dallas. C'est l'époque des grandes murales en céramique (Église Saint-Raphaël àa Jonquière, Séminaire de Métabetchouan, Couvent des Ursulines à Loretteville, Faculté des Sciences de la Nouvelle Cité Universitaire de Québec
 
Un muraliste exceptionnel


Les concessions exigées pour exposer dans les galeries et les musées exaspèrent Jordi Bonet. Ce dernier souhaite que le grand public s’approprie l’art. Les années 1960 marquent un tournant dans sa carrière. L’artiste se consacrera à l’art public. Il réalisera plus d’une centaine de murales à travers le monde. Les murales sont d’abord en céramique et en béton, puis en aluminium et en bronze. Son travail se caractérise par l’impression et parfois l’ajout d’éléments de la nature ou d’objets divers dans des moulages.
Il est déjà célèbre au niveau international et les commandes sont de plus en plus nombreuses et importantes.

 

Sa production est incessante; il réalise de grandes murales telles que Hommage à Gaudi à la Place des Arts de Montréal; une autre commandée par le Sierra Leone, une au Pavillon de l'Université de Chicago ainsi que celle de la North American Tower à Toronto, etc…​

 

L'art n'est pas tout à fait là où il devrait être, et je me demande si, là où il va, sa gratuité et son insignifiance laissent si indifférent, s'il est le lieu où il doit aller.


Pourtant il faudra qu'il finisse par faire partie de chacun des lieux que nous occupons, des objets que nous utilisons, qu'il commence à déborder des toiles pour s'étendre…


Comme d'autres qui l'ont déjà ressenti, j'attends le jour où nous abandonnerons systématiquement les galeries d'arts, où nous brûlerons nos listes  de collectionneurs de petits tableaux payés cher, oublierons les musées d'Art moderne et utiliserons tous ces millions de dollars provenant de toute sorte de fondations et octrois gouvernementaux, voués aujourd'hui à l'entretien précieux des artistes, à des fins autres: Bâtir un art pour tous, partout.
Il faut que nous en finissions avec l'élite que nous sommes, avec le petit nuage rose dans lequel on est endormis. Il y a des milliers de rues, de villes, je répète, de pays qui se bâtissent et desquels nous sommes absents.  Nos ateliers pourtant sont là.

 

Sa persévérance est récompensée en février 1964; on publie le livre Jordi Bonet, Le Signe et la Terre de l'architecte Jacques Folch-Ribas; en 1966 il est élu membre associé de l'Académie des Arts du Canada et membre de l'Association des Artistes Professionnels du Québec. La même année il est nommé professeur d'art de l'École d'Architecture de l'Université de Montréal.
 

C'est au cours de cette période qu'il exécutera sa majestueuse œuvre murale (verrière) celle de la chapelle de l'Aéroport J.F. Kennedy à New York (Terminal 4), celle du Centre National des Arts à Ottawa, celle de l'Hôpital Métropolitain de Philadelphie.
  

En 1969, il achète le manoir Rouville-Campbell de Saint-Hilaire et commence à le restaurer.
   
Au cours de cette même année 1969, Bonet réalise son œuvre la plus connue : la murale au Grand Théâtre de Québec sur laquelle il grave une citation de son ami et poète Claude Péloquin: Vous êtes pas écœurés de mourir bande de caves ! C’est assez ! Ce geste créera une énorme controverse qui va durer près de deux ans. Bonet sort de cette aventure complètement épuisé.

 

Notre rôle est aussi d'être les témoins de notre civilisation inquiétante. Nous œuvres doivent dire nos espoirs et nos aspirations.


Comme il y eut une fin aux natures mortes, il faudra que nous en finissions avec tant de petits ronds, des lignes et des bandes de couleurs que nous avons tracées pour rien ni pour personne.


Puisque l'art devient déjà l'un des seuls moyens pour l'homme de dire et de blesser sans tuer, il faudra qu'il commence à dire, et à crier s'il le faut, tout ce que nous sommes devenus et que nous voulons devenir.


Que l'on cesse d'enseigner la seule chose pour laquelle on n'a pas besoin d'enseignement: à s'exprimer, pour former de vrais professionnels comme les ingénieurs, les chauffeurs de taxi, les cultivateurs et tous les autres, des artistes qui savent lire et préparer des contrats, travailler en équipe, en public, anonymement, pour faire dans n'importe quelle technique, en plus des tableaux et des sculptures, des annonces, des trottoirs, des commodes, des portes, des cendriers, des voitures, des murs, des décors, des maisons, de tout, afin que nos ateliers puissent être aussi dans les chantiers de constructions où l'on devrait bâtir pour l'homme.

 

En 1971, Stéphane, son plus jeune fils, meurt d’un accident de bicyclette. Bonet cesse graduellement de faire des murales et se consacre à des œuvres plus intimes. Il revient alors au dessin et surtout à la sculpture d'aluminium. Il rêve d'un art plus spirituel et plus sacré. Il réalise quand même quelques œuvres importantes comme la murale de la station de métro Pie-IX à Montréal, mais le cœur n’y est plus.
 

En 1973, il reçoit un diagnostic de leucémie. Les médecins ne lui donnent qu'un mois à vivre; mais c'était sans compter sur la détermination de ce lutteur qui se laissera vaincre six ans plus tard.


Bonet entreprend alors une série de petites sculptures en aluminium.
   

Il formera le groupe Para en 1975 et un an plus tard il commencera à produire son testament artistique: Le livre des naissances.

 

Malgré la maladie, il entreprit la réalisation d’un retable pour la chapelle du Sacré-Cœur à Montréal, oeuvre qu’il ne terminera pas.


Il s'éteint à l'âge de 47 ans, laissant derrière lui une quantité impressionnante d'œuvres remarquables. Il meurt en une journée très significative, le 25 décembre 1979.


Jordi Bonet a représenté tout l'univers qui l'entourait. Il fut un Catalan au Québec, mais comme tous les grands artistes, son génie a dépassé les frontières.




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