Jordi Bonet a été un artiste prolifique et généreux. Toute sa vie, il n’a eu de cesse de créer et d’inviter les artistes et le public à participer très simplement à ses processus de
création. Pour lui, il s’agissait de respirer l’univers, de le capter et de plonger dans les
matériaux bruts pour passer irrémédiablement à l’acte. Ainsi, ses oeuvres – peintures,
sculptures et murales - se retrouvent partout dans le monde. Sa puissance créatrice
reposait sur une forte capacité à représenter l’être humain à travers des dimensions
symboliques, et sur la croyance profonde que la création est non seulement à la portée de tous mais aussi que l’art doit être public dès qu’il est sorti du ventre du créateur.
Selon lui, l’art devait être partout où les humains sont en relation : dans les rues, les écoles, les moyens de transport, les lieux de culte, etc.
De plus, durant tout son parcours d’homme et d’artiste, Jordi Bonet a démontré une
intuition extraordinaire, un grand sens de l’adaptation et une résilience unique. Jeune
immigrant au Québec et amputé d’un bras, il entame sa carrière dès son arrivée au
Québec avec détermination et traverse les années 50, 60 et 70 en explorant la peinture, la céramique, la murale, la sculpture et parvient à vivre de son art. Il est avant le temps un artiste multidisciplinaire, qui joue avec tous les matériaux, et atteint le sommet de son talent de muraliste en créant la murale du Grand théâtre de Québec. Jordi Bonet fait
preuve d’un courage étonnant à plusieurs reprises. D’abord, en affrontant la polémique
que génère cette oeuvre jugée scandaleuse, et ensuite en continuant de créer « comme si de rien n’était » à partir des années 70 alors qu’il est atteint d’une leucémie qui
l’emportera 7 années plus tard. Pendant cette période, il continuera à sculpter et à créer
avec la même ardeur, fondera une école d’art et le Groupe Para et s’assurera de
transmettre son savoir et ses pratiques artistiques à ceux qui viennent dans son atelier du
Manoir Rouville-Campbell.
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